Gérard Classe – Le Télégramme – Mars 2018
Écorchures aux ronces des chemins chaotiques
Si ce n’était la voix de l’interprète qui nous capte d’entrée, nous mettrions en exergue son écriture inspirée liant aussi fortement les thèmes abordés. Les onze titres du troisième album de Sylvain GirO, avancés façon missive, sont autant d’écorchures aux ronces des chemins chaotiques. « Je t’écris de la France où l’on ne vit qu’à pas lents, m’entends-tu de là-bas ? » hurle ce réfugié à sa femme engloutie par la mer. Nullement étouffé par cette énorme premier morceau, la suite n’est affaiblie en rien. L’auditeur éprouve au contraire l’édifiante envie de décacheter chaque lettre suivante. Il s’attardera forcément sur Madame en col bleu (« Monsieur le président je vous fais une lettre… ») puis se souviendra toute émotion pleine, du massacre des Algériens de Paris par le préfet Papon, le 17 octobre 1961 (Le front de l’éclusier). Cette album, aux couleurs musicales variées, incite à voir le spectacle dont il est extrait, que Sylvain GirO colporte dans le grand ouest est à Paris.
Le Trégor – Mars 2018
D’une grande sincérité
Voilà l’un des chanteurs bretons les plus intéressants. Longtemps chanteur de Katé-Mé, groupe qui a revisité le répertoire de haute Bretagne brillamment. C’est à une correspondance qu’il nous convie cette fois. Toujours dans l’espace de la voix et de la chanson, mais ce sont des courriers créés pour un spectacle qu’il interprète. Des textes écrits par lui-même, puissants, accompagnés soit par un violoncelle soit par des machines. Un ensemble brillant où l’on retrouve des accents des Cathédrales de l’industrie de Malicorne. Mais Sylvain GirO va au-delà, imposant un ton, un univers, où l’on croise le racisme, l’écologie, la justice. Des cris du cœur avec la douceur d’une voix, comme pour mieux porter une parole d’une grande sincérité.
Eric Tandy – La vie – Mars 2018
Un artiste comme il en existe peu aujourd’hui
Une vraie originalité, un ton et un artiste comme il en existe peu aujourd’hui. Sylvain GirO a choisi des accompagnements plutôt dénudées pour mettre en valeur son réalisme poétique et des textes puissants qui prennent le pouls de notre époque, parfois dure. Écrites sous forme de lettres, parfois déclamées de manière théâtrale, ses chansons parlent d’écologie, de racisme ou d’injustice. Intimiste ou engagé, avant-gardiste ou héritier d’une chanson française à texte plus traditionnelle, le chanteur fait passer son message avec beaucoup de force et de talent dans le choix des mots.
Michel Troadec – Dimanche Ouest-France – 11 mars 2018
Pour son troisième album, Sylvain GirO ne nous propose pas la forme traditionnelle du couplet refrain, mais des lettres chantées. Avec les mots bien au centre, pour toucher direct, pour s’inventer ses propres images. Le Nantais – ex-Katé-Mé – prévient d’emblée, il s’agit de chansons sociales et sensibles, pour ne pas dire sombres voire désespérées. On s’y agrippe car elles ont une résonance toute aussi actuel qu’universelle : la détresse de migrants, la terre qui meurt, le pays trompé, le massacre oublié, le manque, l’oubli. Textes forts, brillamment mis en musique dans un mélange à la fois étrange et prenant de violon, violoncelle électro acoustique, machines et shruti-box. Allez bien jusqu’à la dernière correspondance pour le supplément d’humanité : « pour être là quand tout se brise / Pour la main toujours tendu / Pour la table toujours dressée / Pour l’hospitalité… »